dimanche 6 avril 2008

~ une petite info santé!!!~

L’actualité Santé du 06/04/ 08 10h45


Pratis News (L’UNIVERS 100% MEDECIN + AFT)


Le départ des ONG risque de pénaliser le secteur de la santé au Liberia. Au Liberia, le secteur de la santé, qui souffre déjà d'un cruel déficit en personnel et financement, se trouve désormais menacé par le départ progressif des ONG étrangères venues pallier le manque de soins pendant les guerres civiles (1989-2003).

"Selon les critères des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), nous devrions disposer d'un minimum de 960 médecins pour quelque 3,2 millions d'habitants. Aujourd'hui, le Liberia compte 122 médecins, dont seulement 51 sont des Libériens (...) La plupart travaillent pour des ONG", a récemment confié à l'AFP le ministre de la Santé Walter Gwanigale.

Installées pour certaines dès le début de la guerre, plusieurs ONG ont commencé à plier bagage à la faveur du retour à la stabilité constaté depuis 2003, avec l'élection démocratique de la présidente Ellen Johnson Sirleaf.

"C'est vrai que les bailleurs de fonds prennent un peu du recul. Les fonds n'arrivent plus comme avant, alors que la majorité des médecins et infirmiers qui opèrent aujourd'hui au Liberia sont des employés d'ONG", explique Pierre Tripon, chef de mission de Médecins du Monde (MDM), dont les opérations au Liberia doivent prendre fin d'ici 2012.

A Médecins sans frontières (MSF), le dispositif a déjà été réduit avec les départs des sections MSF-France et MSF-Pays-Bas en 2007, alors que MSF-Belgique et MSF-Suisse/Espagne doivent leur emboîter le pas fin 2008, selon Mariano Ludge, chef de mission de MSF Suisse/Espagne, qui traite plus de 70% des cas de pédiatrie à Monrovia et ses environs.

Les agents de plusieurs établissements s'inquiètent déjà du départ imminent de MSF, au moment où seule une faible partie de la population a accès aux soins, essentiellement dans les zones urbaines.

"Nous soignons nos patients gratuitement, (...) ce qui fait que nos médicaments partent vite. C'est un grave problème qui risque d'empirer quand les ONG qui nous ravitaillent vont partir", indique James Goldon, directeur administratif de l'hôpital Redemption, dans la banlieue de Monrovia.

Le ministre de la Santé avoue ses craintes pour le futur. "Nous avons besoin de près de 4.800 infirmières. Aujourd'hui nous en avons environ 600. Nous avons 400 sages-femmes et nous en avons besoin de 1.400. C'est grave à ce point".

"Sur 100.000 femmes qui accouchent, 1.000 d'entre elles meurent. La raison est qu'elles ne sont pas assistées par un personnel formé. Le bilan serait encore plus lourd si les ONG n'étaient pas venues en aide au bon moment", poursuit-il.

Pour Pierre Tripon, de MDM, l'affaire est simple: "il faut qu'avant le départ de toutes ces ONG, il y ait un personnel local qui puisse assurer la relève. Sinon, on risque de se retrouver devant une crise beaucoup plus grave".

"La solution est de former davantage de gens. Mais d'abord empêcher ceux qui sont ici de partir en les payant mieux", souligne de son côté M. Gwanigale.

"Les infirmiers qui travaillent pour le gouvernement ne sont pas encouragés (avec un salaire de 3.000 dollars libériens, environ 40 euros par mois). C'est vrai que nous sommes payés régulièrement et à temps, mais le salaire qu'on nous donne n'est rien par rapport au coût de la vie au Liberia", explique Osando Nelson, médecin-chef de l'hôpital Redemption.

Les autorités libériennes ont entamé un programme de formation de personnels, et MDM forme déjà des sages-femmes, mais le processus paraît long face à l'urgence.

"Nous nous concentrons actuellement sur la réouverture des écoles de santé à travers le pays", explique Moses Pewu, vice-ministre de la Santé chargé de la formation.

"C'est déjà un pas dans la bonne direction, mais il faut trois ans pour former des infirmiers et des sages-femmes, alors que la quasi-totalité des ONG quittent le pays à la fin de l'année", prévient-il.

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