lundi 10 septembre 2007

~ une petite info santé!!! ~

L’actualité Santé du 10/09/07 23H58


Pratis News (L’UNIVERS 100% MEDECIN + AFT)


L'anorexie: loin de la mode, le vertige du vide "

C'est le vide en soi, mais la terreur du vide autour de soi. Un besoin d'affection dévorant, mais une ascèse interdisant toute relation. L'anorexie, paradoxale, multifactorielle, ne saurait être réduite à une question de régime ou de mode".


Le Dr Sophie Criquillion-Doublet, psychiatre responsable de la Consultation au Centre des Maladies Mentales et de l'Encéphale (CMME- Hôpital Sainte-Anne), rappelle que "ses causes peuvent être génétiques, familiales, psychiques. Même si l'image de la maladie s'apparente à la seule volonté de maigrir".

"Aujourd'hui, 98% des jeunes filles font un régime le matin, mais craquent pour une pizza entre copains le soir. Seules les anorexiques +restrictives+ ne cèdent pas. Les anorexiques +boulimiques+ ingurgitent d'énormes quantités de nourriture, puis se font vomir".

La CMME, un des pôles d'excellence de Sainte-Anne, dispose de vingt lits regroupés à l'étage des Troubles du Comportement Alimentaire (TCA), que dirige le Dr Ludovic Gicquel. Une des trop rares unités en France à accueillir aussi bien adultes qu'adolescents, garçons ou filles.

Marie, 36 ans, anorexique-boulimique depuis l'âge de 20 ans, y est arrivée il y a peu, pour sa cinquième hospitalisation, pesant 38 kilos pour 1,70m. Esquarres, impossibilité de s'asseoir, immense lassitude, voix à peine audible..."

"Cette fois, il faut que je m'en sorte : j'ai en vue une formation en informatique. Pour l'instant, je suis au chômage", regrette ce docteur en recherche biomédicale, qui admet s'être "longtemps réfugiée dans le travail, pour échapper au monde extérieur".

"C'est bien le problème de l'anorexique, relève Annick Brun, psychologue à la CMME. La peur de se prendre en charge, de devenir ou d'être adulte. Comme si le patient voulait vivre protégé dans une bulle".

Avant de sortir, Marie devra atteindre 57 kilos. Elle a signé un strict "contrat thérapeutique" pour changer de comportement alimentaire, corriger une image corporelle perturbée, apprendre des techniques de relaxation.

Ni laxatifs ni vomissements possibles -les toilettes sont fermées à clé-, les gratifications (courrier, visite, activité manuelle) ne sont octroyées qu'en fonction des progrès accomplis, du poids reconquis. Un "calvaire".

"L'obligation de manger me terrifie. J'ai une peur panique de grossir, de me sentir l'estomac plein. Et j'ai peur du regard des autres quand je mange".

Comme toutes les anorexiques, explique le Dr Criquillion, Marie a des rituels obsessionnels. "Cela canalise l'angoisse phénoménale de se séparer, d'être autonome. On commencera à manger à midi moins une, pas midi deux, on mettra 3/4 d'heure à manger un haricot, après avoir posé le couteau ici, et pas là, s'être essuyé cent fois les doigts : un gramme de nourriture aurait pu les souiller".

Martine, 27 ans, docteur en marketing international, anorexique-boulimique, avec addiction à l'alcool, reconnaît "la terreur de la renutrition. Je vous parle, mais je ne cesse de penser au dîner qui approche. J'en tremble. Même si je sais que c'est pour mon bien".

En fait, résume Annick Brun, "l'anorexique souffre de ce dont il a besoin".

Marie et Martine avouent cependant "la jouissance" qu'on peut avoir à ne pas manger. "Cela crée des endorphines, donne le vertige : on se sent invincible".

Maigre victoire. "Ce besoin de maîtrise est à la mesure d'un manque de confiance en soi catastrophique, note le Dr Criquillion. Une autodépréciation qui les oblige à faire toujours mieux, à avoir 22 sur 20, de peur qu'on ne les aime plus. A aller au bout de leurs limites pour se prouver qu'on est quelqu'un. A ne céder à aucun plaisir, car il serait immérité".

"D'un côté, ils se ferment à tout et à tous -pas d'intrusion possible- de l'autre, ils sont dans un appel +au secours+ sans paroles, mais permanent, ajoute Annick Brun. Car les rassurer une fois ne suffit pas. Il faut le faire constamment. C'est un puits sans fond et pourtant on peut en sortir".

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