dimanche 16 mars 2008

~ une petite info santé!!!~

L’actualité Santé du 16/03/08 19h05


Pratis News (L’UNIVERS 100% MEDECIN + AFT)


Interdiction de l'hormone de croissance: l'occasion manquée de 1985 En 1985, les Etats-Unis, puis de nombreux pays, interdisent l'hormone de croissance prélevée sur les cadavres, jugée trop dangereuse, mais la France attendra encore trois ans: le tribunal correctionnel de Paris a tenté vendredi de comprendre pourquoi.

Jean-Claude Job, ancien président de France Hypophyse, l'association qui avait le monopole de ce traitement pour enfants petits, se souvient de la réunion du 25 avril 1985: "on commençait tranquillement à étudier les dossiers quand la séance est interrompue par un télégramme de Kabi convoquant à Copenhague pour le dimanche prochain les utilisateurs d'hormones de croissance".

Kabi, c'est le fabricant danois d'hormones qui vient de se voir interdire le marché américain, dont les autorités ont décidé de bannir l'hormone de croissance extractive, c'est-à-dire celle fabriquée à partir de l'hypophyse, glande crânienne prélevée sur les cadavres.

Washington a des raisons: en novembre 1984, un jeune Texan traité avec cette hormone est mort de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ). Un deuxième cas a suivi en février 1985. Puis une jeune femme décède en Grande-Bretagne.

Les autorités sanitaires réalisent que les méthodes de stérilisation des hormones n'inactivent pas le prion, agent infectieux de la MCJ, raison pour laquelle sept médecins et pharmaciens répondent aujourd'hui devant la justice de la mort en France de 111 jeunes.

Le 27 avril 1985, à Copenhague, les responsables de France Hypophyse, du laboratoire Uria de l'institut Pasteur et de la pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) --opérant différentes phases du traitement-- entendent Kabi annoncer l'arrêt de sa production.

De retour à Paris, les Français sont dubitatifs. Il est vrai que les connaissances sont floues et que le prion vient juste d'être découvert.

Pour Fernand Dray, chef d'Uria, ces morts sont dues à la méthode d'extraction américaine, "ancienne" et "vraiment impure".

Henri Cerceau, directeur de la PCH, se demande s'il ne s'agit pas "d'un magnifique coup de marketing de Kabi pour lancer son hormone de synthèse".

Car cette nouvelle hormone, complètement sûre, est en phase de mise au point dans de nombreux pays.

Même en France, relève la procureur, certains hôpitaux l'utilisaient déjà. Aucun des prévenus n'est au courant. "J'espère que ce n'était pas Kabi qui faisait de l'expérimentation sauvage", s'exclame Marc Mollet, ancien chef de service de la PCH.

Début mai, ces responsables demandent son avis à Jacques Dangoumeau, directeur de la pharmacie au ministère de la Santé.

"J'ai bien compris qu'on me demandait un parapluie", se rappelle-t-il. Quelques jours plus tard, il leur répond: "la qualité du système français (...) justifie de ne pas interrompre le très remarquable travail réalisé par France Hypophyse".

"Je me suis un peu laissé aller. J'en ai remis une louche. Ils voulaient entendre qu'ils travaillaient bien. Cela ne mange pas de pain", relativise-t-il.

Jean-Claude Job affirme avoir aussi consulté largement. "Tout le monde m'a dit: il ne faut pas arrêter", assure-t-il, d'autant qu'arrêter signifiait interrompre les traitements pendant des mois.

Grande-Bretagne, Canada, Belgique, Pays-Bas, Suède... interdisent l'hormone extractive. Le 14 mai, France Hypophyse décide de poursuivre mais en inactivant le prion à l'urée, une méthode efficace validée en juin par Jacques Dangoumeau.

Malheureusement, selon l'accusation, tous les lots anciens ne sont pas rappelés et seront injectés aux enfants.

Il faudra attendre juin 1988 pour que la France passe à l'hormone de synthèse.

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